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Truthlurker recherches et symboles

Fleur d'Acacia

8 Janvier 2008 , Rédigé par Lurker Publié dans #Les mythes

Je suis repassé, ces derniers temps, par la case J.G. Frazer, père de l'anthropologie religieuse et de la mythologie comparée, très anglais et très, comment dire ? Britannique ? A qui l’on doit  les onze volumers de l’immense « Rameau d’Or » mais aussi un certain nombre de digressions tout à fait avantageuses sur la grandeur de l’Empire Britannique et ses devoirs civilisateurs envers les « sauvages » et autres ignorants de la vraie civilisation… Il est vrai que notre très chère soeur Clémence Royer et son invention du darwinisme social n'est pas mal non plus dans ce registre... bref, la somme colossale de traditions et de mythologies qu’il a présentées dans sa série d’ouvrages reste, à ce jour inégalée même si ses explications et analyses mélangent un peu l'anthropologie religieuse et la mythologie comparée d’une manière parfois empirique... Mais, ne soyons pas mesquin, nous avons entendu en Loge des analyses plus que lapidaires… si nous faisons aujourd’hui la différence c’est d’abord et avant tout parce qu’il fut le premier et que lui ne la faisait pas… Je ne sais pas si J.G. Frazer était franc-maçon, j’avoue ne pas avoir cherché. Néanmoins, si l’on se dit que les trois piliers du Royaume Uni sont, depuis fort longtemps, la Royauté, l’Anglicanisme et la Franc-Maçonnerie, je ne serais pas surpris d’apprendre qu’il en fut…

Bref, revenons à nos moutons… Mon voyage entre ses pages n’était pas trop innocent car j’y cherchais la piste d’Hiram, je tournais un peu en rond, comme les Neuf Maîtres durant la cérémonie et, comme eux, je vis l'Acacia… Pour l’analyse de l’âme extérieure et de la vie substituée, je vous renvoie à son ouvrage tout autant qu’à C.G. Jung… mais, par contre, je ne résiste pas à vous livrer ce conte, tiré de « Balder le Magnifique »…


« Cette histoire fut écrite sous le règne de Ramsès II, environ 1 300 ans avant Jésus-Christ. Elle est donc plus vieille que la version d'Homère que nous possédons, et beaucoup plus ancienne que 'la Bible. Voici le résumé de cette histoire, du moins en ce qui nous concerne ici. Il y avait une fois deux frères; l'aîné s'appelait Anpu, le cadet Bata.
Or Anpu avait maison et femme, et son jeune frère vivait avec lui comme domestique. C'est Anpu qui faisait les vêtements; chaque matin, quand venait l'aube, il conduisait les vaches aux champs. Il marchait derrière les bêtes qui :lui disaient : « L'herbe est bonne à tel endroit! » Il les entendait et les conduisait vers les bons pâturages qu'elles désiraient. Aussi ses vaches devenaient-elles luisantes et grasses et se multipliaient-elles abondamment. Un jour que les- deux frères travaillaient dans les champs, l'aîné dit au cadet: « Cours chercher des graines au village. » Le jeune frère y courut et dit à la femme de son frère aîné « Donne-moi des graines, que je coure les porter au champ; car mon frère m'a envoyé en disant: - Ne tarde point,
- Va à la grange, répondit-elle, et prends-en autant que tu en veux. » Il alla à la grange, remplit une jarre de froment et d'orge et revint en la, portant sur ses épaules. Quand la femme le vit, son cœur se mit à battre; elle l'arrêta et lui dit: « Viens, nous passerons une heure ensemble. » Il répondit : « Tu es pour moi comme une mère, et mon frère est pour moi comme un père. » Sans vouloir l'écouter, il mit son fardeau sur son épaule et s'en alla au champ. Le soir, a l'heure où le frère aîné revenait, la femme eut peur à cause de ce qu'elle avait proposé. Aussi, elle se couvrit de suie comme si elle avait été battue. Quand son mari 'rentra, elle lui dit: « Quand ton frère est venu chercher des graines, il m'a demandé de passer une heure avec lui. J'ai refusé, et il m'a battue. » Le frère aîné devint alors comme une panthère du sud; il- aiguisa son couteau et se posta derrière la porte de l'étable. Quand le soleil fut couché, comme le frère cadet revenait, à son habitude, chargé des herbes du champ, la vache qui marchait en avant du troupeau lui dit : « Vois, ton' frère aîné est là avec un couteau pour te tuer. Fuis rapidement. » Il entendit la vache, regarda sous la porte de l'étable et vit les pieds de son frère aîné qui était debout derrière la porte, son couteau à la main. Il s'enfuit; son frère le poursuivit avec le couteau. Mais le jeune homme implora le secours du soleil; le soleil l'entendit et fit jaillir soudain entre les deux frères une grande masse d'eau; cette eau était pleine de crocodiles. Les deux hommes se trouvaient chacun d'un côté de l'eau; le cadet raconta alors à l'aîné tout ce qui s'était passé. Celui-ci, saisi de repentir, se mit à pleurer. Mais il ne put atteindre la rive opposée à cause des crocodiles. Son jeune frère lui cria donc : « Rentre à la maison et soigne le bétail toi-même, car je n'habiterai plus à l'endroit où tu es. J'irai à la vallée de l'Acacia. Voici ce que toi tu feras pour moi : Tu viendras me soigner s'il m'arrive malheur, car j'enchanterai mon cœur et le placerai en haut de la fleur de l'acacia; si on coupe l'acacia et si mon cœur tombe par terre, tu viendras le chercher; quand tu l'auras trouvé, tu le placeras dans un vase plein d'eau fraîche. Alors, je reviendrai à la vie. Voici le signe auquel tu sauras qu'il m'est arrivé malheur: le pot de bière bouillonnera dans ta main. » Il partit donc vers la vallée de l'Acacia; son frère retourna chez lui, se couvrit la tête de poussière, tua sa femme et jeta son cadavre aux chiens.
Pendant bien des jours, le jeune frère demeura seul dans la vallée Pendant bien des jours, le jeune frère demeura seul dans la vallée de l'Acacia: Le jour, il chassait les bêtes dans la campagne; le soir, il venait s'étendre sous l'acacia, qui portait son cœur en haut de sa fleur. Au bout de quelque temps, il se bâtit une maison dans la vallée de l'Acacia. Les dieux eurent pitié de lui, et le soleil dit à Khnumu : « Fais une femme pour Bata, pour qu'il ne soit pas seul. » Khnumu fit donc une femme afin qu'elle demeure avec Bata; elle était parfaite; ses membres étaient plus beaux que ceux d'aucune autre femme, car tous les dieux étaient en elle. Ils habitèrent donc ensemble; mais un jour il arriva qu'une boucle de ses cheveux tomba dans le fleuve et flotta jusqu'au de l'Acacia: Le jour, il chassait les bêtes dans la campagne; le soir, il venait s'étendre sous l'acacia, qui portait son coeur en haut de sa fleur. Au bout de quelque temps, il se bâtit une maison dans la vallée de l'Acacia. Les dieux eurent pitié de lui, et le soleil dit à Khnumu : « Fais une femme pour Bata, pour qu'il ne soit pas seul. » Khnumu fit donc une femme afin qu'elle demeure avec Bata; elle était parfaite; ses membres étaient plus beaux que ceux d'aucune autre femme, car tous les dieux étaient en elle. Ils habitèrent donc ensemble; mais un jour il arriva qu'une boucle de ses cheveux tomba dans le fleuve et flotta jusqu'au pays d’Egypte, à la maison des lavandières du Pharaon. Le parfum de cette boucle pénétra les vêtements du Pharaon; on fit des reproches aux laveuses, car on dit: « Un parfum dans les vêtements du Pharaon! » Le chef des lavandières fut attristé en son cœur des plaintes qu'on lui adressait chaque jour; il alla sur le quai et aperçut dans l'eau la boucle de cheveux. Il envoya quelqu'un la quérir dans le fleuve; trouvant son parfum suave, il la porta au Pharaon. On envoya chercher, les magiciens du souverain, qui dirent: « Cette boucle de cheveux appartient
frazer.jpgà une fille du soleil, qui a en elle l'essence de tous les dieux. Que des messagers aillent dans tous les pays étrangers la chercher. » On ramena donc la femme de la vallée de l'Acacia avec des chars. et des archers; tout le pays d'Égypte se réjouit de sa venue, et Pharaon l'aima. Quand il l'interrogea sur son mari, elle répondit au Pharaon: « Que l'on coupe l'acacia et qu'on le détruise. » Le roi envoya alors des hommes avec des outils pour abattre l'acacia. Ils coupèrent la fleur sur laquelle était le cœur de Bata ; et celui-ci tomba mort à cette heure fatale.

Le lendemain, quand il fit jour, comme le frère de Bata était entré dans sa maison et s'était assis, on lui apporta un pot de bière qui se mita bouillonner et une cruche de vin qui devint trouble. Il prit son bâton et ses sandales et se rendit à la vallée de l'Acacia; il y trouva son jeune frère étendu mort dans sa maison. Il chercha son cœur sous l'Acacia: Pendant trois années, il chercha en vain; mais il le trouva enfin dans la baie de l'Acacia Il jeta alors le cœur dans une tasse d'eau fraîche. Quand il fit nuit et que le cœur eut absorbé beaucoup d'eau, Bata secoua ses membres et revint à la vie. Il but la tasse d'eau dans laquelle se trouvait son cœur; son cœur revint: à sa place et il vécut comme auparavant.
»

Chacun y prendra sa part et l’on analysera cela un peu plus tard, mais je pense avoir déjà proposé quelques pistes...
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