Les Noces du Nord
L’illusion berce mes mots, il s’agit de rêves plus que de vérités… car la Vérité a du mal à se laisser atteindre… on la guette… j’aime assez l’ancien terme anglophone de « Truth-seeker »… il portait moins de certitudes... mais la surveillance se fait plus poignante au fil du temps, « à trop maltraiter les rites, à les évincer sans cesse, nous sommes arrivés à une situation paradoxale où l’Homme est de plus en plus présent sur terre en même temps qu’il s’en absente… » ( Pascal Dibie – La tribu sacré – Grasset 1993 ) les « seeker » doivent faire place au « Lurker »… le chercheur laisse la place au rodeur… dreamcatcher et dilétante...
« …Quiconque se prétendra une divinité n’aura qu’à venir achever le côté que j’ai délaissé, afin que tous sachent qu’il est un Dieu… », mais les « pirke » sont ambigus dans la mesure où Rabbi Eliezer ne se contente pas de « Qabbaliser ». Il prend aussi quelques libertés avec le texte d’origine. Néanmoins, l’idée est lancée.
Pour que la Colonne du Nord soit en construction permanente… il faut...
1 – que le nord soit achevé, donc il fait référence à quelque chose qui n’a pas été terminé, de nouveau, de formaté, de nouvellement initié... bref... d’une voie « purgativa »... ( est-ce parce qu’il est associé au commencement, au début, que l’Apprenti apprend ? ) et cet achèvement ne peut se concevoir que par la purgation… et je n’ai pas dit la contrition, une forme quelconque de mutisme, l'abaissement de Soi, la libération de nos craintes. Nos barrières ne sont que celle que nous nous donnons...
Cela est peut être une garantie mais…bon… Toujours est-il qu’Eliezer insiste : « C’est au nord que séjournent les esprits destructeurs, les tremblements de terre, les esprits, les démons, la foudre et le tonnerre… » Le lot de l’Apprenti est-il résumé dans la remise en cause, le doute et le reniement ?
Le lot de l’Homme est-il de suivre aveuglément la route tracée par les éclairs… mais je plonge ici dans un déterminisme profane teinté de pessimisme… ( et d'abord, le héro des Noces Chymiques, dont rien ne nous dit qu'il s'agisse bien de Christian Rozencreuz est-il un profane ou un Apprenti... s'il avait été Apprenti, aurait-il été à ce point surpris de l'invitation ? ).
Chez les Aborigènes, l’Homme éclair est une figure du nord, responsable de tous les orages électriques qui se produisent pendant la saison des pluies… chez les Grecs de l’antiquité, le Nord est le séjour du Soleil hivernal ( comme le fond de la Terre est le pays des ombres, le séjour des morts, donc des profanes... mais alors...) … Langues de feu de la connaissance, Saint Jean de la civilisation… « hyperboréen » signifiait, pour eux… « au delà des vents du nord ».
2 – que celui qui est un Dieu puisse l’achever et là, n’oublions pas les vieux textes…
Dans le « testament d’Adam », Dieu dit à l’Homme « je te ferais Dieu, mais pas maintenant… plus tard… »…. Selon certaines traditions qui fondent notre environnement culturel, consciemment ou inconsciemment, nous sommes potentiellement « Dieu » ou « partie de Dieu »…
Qu'est-ce que la pureté ? Question subsidiaire dans une société où l'on tue l'étranger plus facilement qu'on ne lui serre la main...
Que nous soyons originellement pur, cela ne fait « traditionnellement » aucun doute puisque dans la Genèse ( on va prendre ce texte pour aujourd'hui ), Dieu dit « faisons l'homme à notre image pour qu'il soit à notre « semblance » ( Gn 1 ; 26 ) encore que ce terme ne convienne pas puisque dans le texte d’origine, le mot qui est utilisé signifie « l’ombre protectrice », ce qui tendrait à indiquer que Dieu fit l’Homme comme son ombre ou bien pour qu'il puisse se refléter en lui… Le fait que cette « ombre » soit fondée sur la « Terre » et le « Sang » ( voir les racines du mot Adam ) amène naturellement à penser qu’elle est promise à un bel avenir … voir le testament d’Adam… néanmoins ce n’est que bien plus tard que la chair existera… après la chute… après la fuite… quand « il sera couvert d’un vêtement de peau »… mais ce vêtement de peau, image de la condamnation, matérialisation de l'être, n'est donné qu'après qu'Adam et Eve aient découvert leur nudité... cette nudité était-elle charnelle ?
( difficile à croire, ils n'avaient pas encore de peau ) ou simplement spirituelle... pas de matérialisation dans la divinité !…
pas d’amalgame entre l’être et le paraître !...
Les seuls traces divines qui nous restent sont cette impossibilité à voir notre visage directement et cette autre impossibilité à imaginer notre propre mort… alors se pose d’autres questions… cette impossibilité à se voir soi-même doit-elle être rapprocher à l’impossibilité de voir directement l’image de Dieu ? Non si l’on s’en tiens à ce que nous savons, contentons nous de Lévinas… et encore non si l’on s’en tient à ce que nous croyons savoir, encore non si nous dissolvons notre « ego » dans un concept de non-dualité pur où l’être n’est que l’élément partagé d’un « tout » irrecevable… et non, pour finir si l'on s'en tient simplement à ce que nous ignorons... car le domaine de la foi est parfois étranger à la recherche de la Vérité dans la mesure où les certitudes ne font jamais très bon ménage avec la quête...
Quel rapport avec le nord ? Mais l’ombre bien sûr, l’apprentissage, la terre et le sang bien entendu… car, soit nous « pouvons », soit nous « voyons »… En général... sauf à abuser des herbes de Provence... nous constatons le monde tel qu’il est. S’il était différent, nous n’en ferions peut être pas partie… mais là, nous nous éloignons de ce qu'il nous faut construire pour finir le « nord » en ceci que ce constat est trop proche d’une conception très « mathématiques du chaos » qui pourrait être perçue comme profane si nous n’avions pas lu « la gnose de Princetown » …
Le Temps, fils du Ciel et de la Terre… il est normal que ce qui se glisse au nord provienne du cœur de la Terre… là où l’on cherche en rectifiant.. dans la plupart des tradition ce cœur de la Terre recouvre deux concepts, soit la mort, soit le ventre de la Mère…et, si je ne peux pas décrire ce qui, comme le prétend le Zohar ( Tiqoune Ha-Zohar 22a-22b ), précède le Créateur, « l'architecte dans l'en-haut » c’est qu’il s’agit de « la Mère suprème » ; mais ? si ce Créateur se présente comme Architecte dans l'en bas, il est la « Présence »… dans l'en-bas.

« zeit » est seul au centre de la ligne et semble indiquer que tout est possible à la patience… comme le balancement de l’être, la recherche du monde ou la passion dévorante née du désir d’être... Tout comme les deux dernières lignes "Zeit Christiani Rosencreuz" peuvent signifier "le temps est venu pour les chrétiens de la Rose et de la Croix"... Les Luthériens ? N'oublions pas que les armoiries de Luther portaient une Rose et une Croix.... faudra voir en ouvrant le livre... Saturne est-il lié au Nord par la part éphémère de la situation septentrionale tout autant que par l’aspect «témoignage» ( la racine du mot « testament » ) du cycle de lumière qui se répartit entre les autres points… mais peut-on dire qu'un apprentissage est un témoignage ?... Mais alors, pourquoi ne pas plutôt regarder à l’Ouest… n’est-ce pas le lieu de la « porte étroite » d’où l’on s’échappe des contraintes de la Mort pour faire face au Soleil naissant ? ...