Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Truthlurker recherches et symboles

Qu'il en soit ainsi... ou "Que cela soit..."

13 Octobre 2009 , Rédigé par Lurker Publié dans #Miscellanées

 

« May it be an evening star,
Shines down upon you.
May it be when darkness falls
Your heart will be true
You walk a lonely road
Oh, how far you are from home
.  »

Enya - Chanson du film “Lord of the rings

 

 

 

L’expression  est assez familière au Style Emulation et bien souvent traduite par « Ainsi soit-il », en référence aux rituels et prières de l’Eglise. Aucune Loge n’est ouverte ou fermée sans que cette simple petite phrase ne soit prononcée… « So mote it be » disent les anglais, « Ainsi soit-il », « Que cela soit » ou, ce qui serait plus proche de sa réelle traduction : « Qu’il se puisse être ».

 

Anciennes formulations et vocabulaire désuet sont souvent associés avec bonheur dans la symbolique de nos rituels. Encore faut-il remettre les formes et les sens à leurs justes places et essayer, même si les mots en rappellent d’autres, de donner à un symbole la signification d’un autre. Nous nous attachons, parfois par sentimentalisme, à aimer le charme désuet de ces anciennes formules, gardons nous bien de faire en sorte d’oublier le sens. Il est si près de nous que nous ne le voyons pas toujours.

 

Aussi loin que nous puissions remonter les annales de la maçonnerie et de la langue qu’elle utilisait à son commencement, nous retrouvons la trace de cette ancienne expression, « So mote it be », sa forme trahit son âge. Plus personne aujourd’hui, à l’exception d’artiste pour les besoin d’un film, comme ce fut le cas pour « the Lord of the Rings » n’utilise cette forme. C’est probablement la raison pour laquelle les traductions française du style émulation, ne conservant que son aspect déiste évident, ont choisi la formulation utilisée dans les prières chrétiennes « Ainsi soit-il ». « Mote », comme « May », donnent à la phrase son sens de « pouvoir », de « possibilité ». Il ne s’agit pas d’une affirmation stricte comme si l’on utilisait « can », ce n’est pas « il peut », mais « il se peut », voire, « il se pourrait ». Cette formulation rappelle étrangement le double inaccompli traduit en futur relatif utilisé par l’Eternel dans le buisson ardent pour s’adresser à Moïse : « je serai ce que je serai ». Nous savons, bien évidemment que le contexte culturel de la création de la franc-maçonnerie spéculative est chrétien et particulièrement influencé par son approche protestante, c’est ce qui explique l’importance de l’Ancien Testament pleinement cité. Si le rituel avait été conçu pour l’affirmation, les termes auraient été plus strictes, moins nuancés, moins proches d’un « inaccompli ». On peut ici, même dans l’ouverture et la fermeture des travaux maçonniques de Loge, fondement d’un temps sacré hors du temps et durant lequel tout est possible, concevoir que tout puisse être soumis à une éventuelle existence.

 

« Mote », comme « May », sont dérivés d’un ancien verbe norrois sous forme irrégulière, « Motan », souvent utilisés dans la partie nord est de l’Angleterre.

On retrouve ce verbe chez Chaucer (1343-1400) qui, dans ses « Canterbury Tales », parfois considérés comme présentant l’une des premières formes finies de la langue anglaise, l’emploie fréquemment et dans le même sens que notre rituel.

Dans les traductions françaises de ces contes on retrouve la formule « comment se peut-il ? » ou simplement « se peut-il ? », « Qu’il se puisse être » associées à « so mote it be ». Mais Chaucer est un poète qui n’est pas véritablement réputé pour sa proximité avec les anciennes corporations sinon les ordres religieux, même si on lui doit une traduction du « Roman de la Rose », parcours initiatique courtois bien connu à cette époque.

En ce qui concerne les documents plus particulièrement reliés à l’ancienne maçonnerie, c’est dans le manuscrit Halliwel, dit « Regius », présenté comme le plus ancien texte maçonnique connu et datant des environs de 1390, que l’on trouve notre formule utilisée par deux fois aux vers 656 et 794. Elle est chaque fois associée à « Amen » sans toutefois le remplacer et chaque fois en relation avec l’avenir, l’éternité et la Charité demandée à Notre Dame.

Il semble donc que cette supplique à l’existence du monde soit, en quelque sorte, une ancienne forme maçonnique associée à l’ « Amen » des trois religions monothéistes de méditerranée et qui aurait été conservé dans les prières des guildes de maçons comme un écho aux principes de la Géométrie et de l’Architecture Sacrée.

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article