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Truthlurker recherches et symboles

La quête de Perceval 2

16 Mai 2006 , Rédigé par Lurker Publié dans #truthlurker

appelez vous, nous avions laissé notre héros à genoux dans la neige, plongé dans une profonde méditation devant trois taches de sang dont les formes lui rappelaient le visage d'une amie très chère.

Qui est notre Héros, mais Perceval bien sûr, pourquoi changer ?

Nous savons que son silence l'a mené jusqu'au Graal mais que ce même silence, puisse qu'il n'était que l'expression de sa retenue lui fit perdre le bénéfice de ce qu'il cherchait. En fait, rien ne pouvait laisser supposer qu'il réussirait dans un monde où l'idée même de l'homme était inconnue.

Le Grâal habite le troisième cercle, celui que l'on nomme Keugant, il représente le diamètre extérieur du pentacle solaire, rien n'y habite, ni les vivants, ni les morts, seule les énergies du monde. L'ambivalence des mots ne permettait à Perceval que de questionner les ombres pas encore les nombres qui soignent et qui auraient pu lui répondre... Mais, attendait-il seulement des réponses ou ne cherchait-il qu'un miroir ?

A ce stade, il est important de se laisser porter par l'énergie et particulièrement par la musique des énergies. Les demoiselles sur sa route représentent ces énergies souvent figurées par des anges, ces oiseaux étranges qui sont toujours du sexe opposé au nôtre et qui nous montrent la route... ambivalence encore, que ce sexe qui n'existe que dans l'acceptation du siens, ambivalence toujours qu'une langue inconnue qui porte en elle toutes les significations et qui ne peut être dite que dans un langage muet... quel est ce langage des anges s'il n'est fait de questions... Siegfried lui-même en tuant le dragon devint immortel et comprit le langage des oiseaux, le langage des anges, le langage de son âme, la langue du miroir, l'amour qui lui coûta la vie... Salomon comprenait lui aussi le langage des oiseaux, lui qui écrivit le Poème des Poèmes

Te voici belle, ma compagne, 

Te voici belle aux yeux de Colombes.


De quel oiseau parlait-il ?

Un visage ami permettra-t-il à Perceval de retrouver la route d'où il s'est éloigné en écoutant les mots ? Ce visage ami le ramène dans la forêt où il fut élevé, de même les oiseaux puisque les taches de sang sont celles de la blessure d'une oie sauvage, blanche, naturellement, comme la neige où tombent les gouttes de sang. On se rappelle de la crainte de sa Mère, de la haine que celle-ci portait aux oiseaux depuis qu'elle avait surpris le jeune Perceval émerveillé par leur chant dans les clairières... la crainte de la Nature Universelle face à celui qui cherche, la crainte née de la sécurité du passé tranquille de ses certitudes face au monde immense de l'intelligence...Marra, l'illusion, associée à la forêt et qui redoute la compréhension du Monde sans qu'elle n'ait donné son consentement...Veuve de la Vérité stérile du langage humain et craintive de celui de l'être...

Avant d'essayer de comprendre et pour éviter les précipitations, si tant est que cela soit possible, voyons comment ces perles rouges sont arrivées sur la neige et voyons ce qui pourra tirer Perceval de ses pensées.

Souviens toi, Apprenti/Perceval, il te faudra choisir entre le silence et le moyen d’être toi-même... la route ne s'arrête pas au pied de ce que tu es aujourd'hui, mais, tout compte fait, ce soir, les deux mondes de l'illusion et de la quête sont-ils si éloignés ? L'Abred, cercle des migrations, des voyages et des quêtes, celui par lequel on doit passer entre chaque étape est-il si éloigné du Cercle Blanc, Gwenwed, domicile de la plénitude et de la connaissance ? L'image sur la neige est-elle autre chose qu'un reflet permanent, un miroir qui prend enfin le temps de penser avant de réfléchir ? Les mots traversent les mondes qui ne sont que l'image de l'autre, ils sont voués à disparaître et à nous tromper, la Parole est...La création du monde ?

L'aventure de Perceval est-elle la frange d'un rituel initiatique ou la mise en oeuvre d'un rite sacrificiel : un faucon attaque une oie blanche qui laisse trois taches de sang sur la neige. On peut reconnaître dans cette agression, l'attitude de Perceval vis-à-vis de son passé d'enfant ignorant, mais, pour une fois l'enfant se trouve capable de recommencer.... En tout cas le symbolisme des couleurs revêt ici une importance particulière on se rappelle que Perceval est rouge ( des armes du chevalier vermeil ) comme le sang, comme la force vitale, celle de l'être prêt à l'action, comme le don total... tandis que la Dame arbore comme la neige et l'oie blanche, la couleur des druides, celle de la Lune il ne peut y avoir de conflit dans l'expression des liens. Ce que Perceval reconnaît dans les trois taches de sang sur la neige, c'est d'abord le visage de son Amie, c'est ensuite l'image de la souffrance et du sacrifice auxquels il devra désormais se soumettre, c'est enfin la reconnaissance de la petitesse, de la limitation de son être dans l'infinitude de ses désirs... Mais surtout, c'est l'expression des trois énergies du monde, l'énergie intérieure, celle qui court sur la peau et la grande source du Monde....Les énergies qui soignent et qui font vivre...

Dans une autre légende Arthurienne, il est dit qu'un faucon venant de tuer une oie blanche, un corbeau s'abat sur la chair de l'oiseau. Or, ceci ajoute une troisième couleur aux deux premières : il s'agit du Noir. Là encore, nous avons une référence directe aux trois tendances de l'univers des Druides Abred, Gwenwed et Keugant les trois mondes dont on sait que le Noir de l'Abred absorbera la lumière pour la régénérer dans un immense brasier...du feu renaîtra la vie et de la nature du feu dépendra la qualité de la vie.... Il est encore question d'oiseau, d'autres oiseaux...

 

Nous sommes ici en présence d'une nouvelle Image du Monde et il n'est pas étrange que Perceval/Apprenti reconnaisse dans ces trois taches l'image de son Ange. Symbole de rédemption et de résurrection des morts, les trois gouttes de sang sur le blanc du plumage sont comme un rappel permanent aux neuf larmes blanches sur le noir de nos tabliers retournés...



Il faut remarquer cependant que le Soi, bien qu'étant intrinsèquement identique à l'univers, n'en demeure pas moins localisé ici dans le symbole de l'oie blanche. En effet, dans la cosmologie Celtique, l'Oie est psychopompe, porteuse des âmes d'un cercle à l'autre, elle fait l'objet de tabous alimentaires et symbolise par sa pureté l'essence de l'être et l'énergie qui produit l'univers, c'est aussi l'oiseau migrateur pris dans les liens du devenir, c'est-à-dire, pour simplifier : l'âme Immortelle, le Souffle divin qui transmigre d'existence en existence, avant de pouvoir définitivement reprendre son envol. Même Si l'Oie est identique à l'univers, elle se distingue, de l'âme individuelle symbolisée par le faucon, oiseau chasseur et royal par excellence (n'oublions pas que notre Perceval est lui aussi un apprenti qui apprend à être un Roi chasseur ), elle se distingue aussi de l'illusion intérieure qui se nourrit de ses certitudes, elle se distingue de l'être en devenir par son oubli... Oubli toi toi-même et parle, Apprenti, Mon Frère, Ma Soeur...

La symbolique et les symboles... notre conscience individuelle et nos évolutions personnelles restent très théoriques ou de l’ordre de la croyance, même après avoir expérimenté les choses et les événements, nous les théorisons, nous y réfléchissons, nous relions chaque fait à ce que nous savons ou ce que nous croyons savoir ce qui, dans la plupart des cas ramène ce que nous apprenons à l’expérience antérieure, annulant, pas le fait, l’évolution possible. La démarche est rassurante mais elle n’est pas profitable. Il est très difficile d’admettre au premier abord qu’il n’y a pas de différenciation entre ce que nous sommes et l’univers.

Il n’y a pas de distinction entre le soi individuel et la conscience libre de toute détermination, celle qui est définie par les termes : « un maçon libre dans une Loge libre ». 

Cette vision extatique du langage créateur a déjà mené notre Héros hors d'atteinte des limitations humaines. L'enfance de Perceval est largement dépassée; il connaît l'étrange mélodie des rossignols et l'oubli n'a plus de prise sur lui. Seul le Gwenwed, le monde blanc, l'Amour reste à découvrir...Car c'est ce qui le construira... Les mots construisent le village, le silence construit l'univers mais que peut bien construire le mélange des deux, le langage des anges ?

Dans la légende, Perceval devra seul, par la suite à dépasser définitivement le stade des vertus de l'absurde, de l'illusion pour enfin pouvoir poser la question, LA question sans faux fuyants, sans penser à recevoir d'un autre le courage et les réponses, sans penser qu'il se puisse être lui-même quelqu'un d'autre, sans qu'il n'y ait de possibilité de fuite... oui, apprenti mon amie, les perles de lumière qui brillent d'un gris lunaire, pâle et irisé au fond de la nuit ne sont rien d'autre que les larmes de nos yeux et le mur que leur calcaire construira sera celui des certitudes. Images de doutes... sèches tes larmes et les murs disparaissent...comment croire que nous puissions transmettre autre chose que des doutes dans une triste partie de tennis désabusé ou chacun se renvoie la balle de sa consolation...

J'ai rêvé l'autre nuit d'une chambre aux murs couverts de mots et j'ai jeté les meubles sur les murs, les mots ont explosé et dans chaque parcelle il restait un morceau de moi riant comme un masque d'ébène, noir, posé sur un mur de plâtre et dont les yeux pleuraient de larmes de sang... l'image de ce que je croyais être...et j'ai soudain compris qu' Orphée ne pouvait que se retourner lors de son voyage de retour, de toute manière Eurydice n'était pas derrière lui, elle lui tenait la main, à lui qui venait la chercher, et l'ombre des ailes de l'ange flottait devant lui...

SShtt...

Un murmure dans la nuit après le chaos, le bandeau se soulève et la lumière semble te rassurer mais il n'y a plus de main secourable sur ton épaule, dans le noir on te guidait mais en plein jour on pense que tu y voie, peut être pour mieux parler les mots du silence.

Qui es-tu Apprenti ? D'ou viens-tu ?

- D'une Loge de Saint-Jean

- Qu'y fait-on ?

- On y dresse des Temples à la vertu et l'on y creuse des tombeaux pour les vices...


C'est la question des Francs-maçons presque toujours en tenue d'apprenti, celle qui rassure puisqu'elle n'est faite que de l'observation et permet d'exposer ses silencieux...mais nous sommes tous des apprentis, des inquiets incertains...Les chevaliers de la table ronde en perpétuelle quête assise, en perpétuel jugement de l'autre pour éviter de se juger soi-même...Perceval part en quête, il aimerait que les chevaliers l'accompagnent, alourdis de leurs décors, de leurs armures et de leurs mots...


Qui es-tu apprenti ?

La réponse ne peut être qu'en désespoir de cause...

Il nous appartient qu'elle ne soit pas une cause sans espoir...

Son regard plonge dans le nôtre après avoir vu son image dans le miroir du bandeau et, comme si rien ne pouvait plus l'amener à nous voir tels que nous sommes, la réponse glisse doucement sur ses lèvres comme un soupir de soulagement : Ego sum qui sum.

Maître, souviens toi de moi perdu dans le dénuement, souviens-toi de toi et surtout souviens toi de ce que tu dois faire de moi, ne m'oublie pas un myosotis sur le bord du chemin "forget me not" et, au bout du chemin, par les Nombres de nous seuls connus, il y aura l'Unité, l'Unique Vérité, la Mort, rien avant, rien après, rien de plus. On ne sait plus lequel des deux entraîne l'autre...Au delà des ailes il ne reste que les mains...

Alors, l'autre, qui n'existe que porté par les vents, baisse les yeux et doute de sa propre existence...Peut être sais-tu parler aux oiseaux, voici ma main tendue, elle n'est là que pour t'aider à franchir les portes de la Nuit... seuil de ton silence intérieur...


L'Apprenti se dédouble et redevient Perceval mais, au moment de franchir la porte, son regard muet s'attardant dans nos yeux... se tourne vers le ciel où passent des oies sauvages dont les anciens disaient qu'elle étaient un symbole de l'énergie du monde et accompagnatrices des âmes... L'une d'elles est attaquée par un Faucon et la passion blesse l'oiseau blanc qui tombe sur la neige en criant comme les Druides de la foret magique après avoir cueilli le gui "O Ghel Ann Kheu ! " cela signifie en ancien breton : " Le Blé se lève"..... la parèdre immobilise Perceval et le plonge dans des pensées profondes.... Les premières paroles de l'Apprenti resteront portées par le silence qui sera encore fait de ses mots, les oiseaux des trois mondes tournent autour de lui... toutes ces âmes volantes cherchent un Roi comme ses pensées cherchent une voix....peut être croient-ils qu'il s'agit de la même chose ? Rien n'existe plus alors que Perceval ne puisse trouver si seulement il ose affronter ce qui pleure dans le noir de ses nuits... Entre dans le cercle autour de la table du partage et donne moi la main.. quelque chose me dit que nous retrouverons d'autres contes une autre fois...



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